Climax, fiction collective signée Général Instin et écrite à sept mains, paraît aux éditions Le nouvel Attila, collection Othello, en octobre 2015.
Ce site a pour but d’en montrer la genèse, les étapes d’écriture, l’ensemble formant un palimpseste avec des pans entiers disparus ou remodelés au cours d’une élaboration qui a duré six années (2009-2015).
Derrière le livre paru, il y a d’autres livres sensiblement différents dont l’écriture n’a pas connu son terme.
Même s’il n’est pas question pour les auteurs d’effacer leur identité, l’auteur véritable de ce livre est le Général Instin (GI), cristallisation particulière du projet artistique du même nom qui existe depuis 1997 sous diverses formes avec près de deux cents contributeurs et qui, notamment, interroge de façon critique la notion d’auteur.
Les textes proposés ici sont donnés bruts, non retravaillés. Ils ont avant tout valeur de traces.
Etape 1 : premiers textes
Suite au premier festival Général Instin en 2008 à Arcueil, s’impose l’idée de fabriquer des objets autonomes issus du projet. À l’époque, le collectif Inculte et les éditions du même nom envisagent de créer une collection de fictions collectives, et Arno Bertina verrait très bien, nous dit-il, le projet Instin s’y inscrire.
Cette collection ne verra finalement pas le jour, mais le Général s’est jeté dans la brèche.
Patrick Chatelier et Guénaël Boutouillet décident de tenter l’aventure, en invitant certains auteurs qui ont déjà participé au GI et en leur proposant, dans un premier temps, de prolonger leur première contribution. Ces auteurs sont choisis selon leurs thématiques et formes de prédilection, avec le souci de former un ensemble équilibré.
Nous partons sur un fil car il n’est pas question, selon la spécificité du projet, de limiter le pouvoir de décision aux deux initiateurs, le Général étant seul chef de troupe ; d’autre part, il n’est pas non plus question de former un collectif qui se contenterait de distribuer les tâches à accomplir : il s’agit de laisser agir le(s) processus de création et d’être attentifs aux éléments exhumés pour façonner notre fiction collective et son mode de fabrication.
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Etape 2 : le plan
L’arrivée des premiers textes, très différents et portés sur la pure fiction, bouleverse ce début d’agencement. L’idée d’autofiction collective est abandonnée. Elle restera en filigrane, au point de vue du processus de création, mais sans servir de motif.
Deux lignes principales sont prélevées à deux de ces textes, qui seront utilisées comme matrices pour les prochaines étapes :
– la création d’un personnage, Climax, soldat romain qui part construire le mur d’Hadrien (Benoît Vincent) ;
– le procédé d’écriture en tissage que Nicole Caligaris a utilisé, avec quatre récits fragmentés et entremêlés.
A partir de ces éléments, ainsi que d’autres apportés par les auteurs, un plan d’ensemble est proposé, avec six chapitres.
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Etape 3 : chapitres 1, 2, 3
Nous retournons à l’écriture, chacun adaptant son texte précédent, ou bien le fragmentant en plusieurs parties, ou encore en créant de nouveaux par rapport à la trame envisagée.
La proposition est, une fois ces textes réunis et pour chacun des chapitres, de les découper et les tisser entre eux.
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Etape 3 : chapitres 4, 5, 6
Suite des éléments créés qui serviront de matières aux montages de la prochaine étape.
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Etape 4 : les montages
Nous en venons à l’étape des « montages », c’est-à-dire au découpage et au tissage des différents textes composant chaque chapitre. Plusieurs essais se succèdent à partir de 2010. La difficulté est de trouver une dynamique entre des variations textuelles très marquées. L’hétérogénéité, si elle est souhaitée pour former rebonds et contrepoints, risque, à partir d’un certain seuil toujours difficile à déterminer, de briser un équilibre fragile et de sombrer dans l’illisible.
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Etape 5 : l’aide de camp du Général
2012 voit surgir des bouleversements dans le collectif Climax, l’aventure se transformant en véritable marathon. Plusieurs auteurs s’arrêtent en route : Frédéric Laé, Guénaël Boutouillet, Marc Perrin, Alain Subilia. Restent cinq « survivors » qui iront vaille que vaille au bout de leur mission.
Patrick Chatelier se retrouvant seul dans le rôle de fédérateur, et comme il n’est pas question qu’une personne unique s’y attelle, ce sont Nicole Caligaris et Benoît Vincent qui prennent le relais pour finaliser la composition du livre. Ils renomment les chapitres, fabriquent les montages des chapitres 5 et 6, et ajoutent un élément structurant au récit du soldat Climax : les notes de l’aide de camp du Général Instin.
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Etape 6 : le travail avec l’éditeur
Tout comme la fiction collective instinienne nécessitait une construction idoine, il lui fallait un éditeur à nul autre pareil. Tout comme ses auteurs opéraient un déplacement par rapport à leur travail habituel, le rôle de l’éditeur s’en trouvait également modifié.
Un dialogue s’est engagé avec Benoît Virot dès 2011 sur le projet Général Instin, qui aboutit en octobre 2015 avec la création d’une collection au nouvel Attila, sous l’égide d’Othello. Deux premiers opus voient le jour : une Anthologie du projet, et Climax.
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Epilogue : le récit de l’éditeur
Benoît Virot retrace le fil de son parcours instinien depuis 2011, alors qu’il découvre le projet GI, jusqu’à la progressive mise en forme et – l’aboutissement ? une forme transitoire, ouverte sur de nouvelles et potentielles strates d’écriture, comme si l’aventure pouvait ne jamais avoir de fin ? – de cette fiction collective.
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photographie : SP 38